La jeunesse : une notion relative ?



La thèse de Philippe Ariès, qui donne la découverte de l'enfance, puis de l'adolescence, comme le fait de la société bourgeoise naissante, est aujourd'hui bien connue : le Moyen Âge et le début des Temps modernes n'auraient reconnu aucune spécificité à l'adolescence et à la jeunesse. (...)

Si l'explication que fournit Philippe Ariès de la promotion de l'enfance et de l'adolescence au 18e siècle est admise par tous les historiens, il n'en va pas de même de cette idée selon laquelle aucune forme de jeunesse n'aurait existé avant ni en dehors de la société bourgeoise. (...)

Les contributions d'historiens médiévistes remettent en cause l'opinion d'Ariès selon laquelle le sentiment de l'enfance n'existait pas au Moyen Âge, bien que tous s'accordent à reconnaître que c'est la scolarisation massive qui a engendré le concept moderne d'enfance.

En premier lieu, les étudiants constituent bien au Moyen Âge un groupe social particulier, certes très minoritaire parmi l'ensemble des jeunes, mais dont les manifestations sont souvent spectaculaires. Si le temps des études universitaires est un temps d'apprentissage intellectuel, il est aussi en effet un temps d'initiation à la débauche et à la violence. Les communautés scolaires qui forment des groupes corporatifs spécifiques manifestent fortement et parfois violemment, leur particularisme dans les cités qui les accueillent au cours de leur voyage universitaire. Il existe bien là une communauté juvénile qui vagabonde, qui s'initie à la vie sexuelle, qui profite de sa liberté à la manière de Villon : on voit la France traversée par ces bandes d' "escholiers" dont la vie aventureuse et désordonnée fait souvent la terreur des paisibles bourgeois et s'apparente parfois moins à une vie d'étudiant qu'à une existence de malandrin.

Toutefois, la grande majorité des enfants ne reçoit aucun enseignement de type scolaire, et la plupart d'entre eux sont le plus souvent livrés à eux-mêmes dès l'âge de 5-6 ans. La description concrète (...) des modalités d'établissement des jeunes dans les différents groupes sociaux à la fin du Moyen Âge montre que la thèse de Philippe Ariès demande plus à être nuancée que rejetée catégoriquement. Le sentiment de l'enfance et l'idée d'éducation ne sont pas absents au Moyen Âge, mais, pour nombre de conditions, l'établissement professionnel est précoce et interdit à un âge équivalent à l'adolescence de se développer socialement.

(Olivier Galland, Les jeunes. La Découverte, coll. Repères, 1984)

IV.11. Expliquez le sens des expressions suivantes : historiens médiévistes, société bourgeoise, groupes corporatifs, communauté juvénile, scolarisation massive.

IV.12. Relevez les deux thèses sur la naissance du concept de jeunesse. En quoi sont-elles contradictoires ?

IV.13. Quels sont les arguments avancés par les spécialistes du Moyen Âge pour affirmer que la découverte de l'enfance, de l'adolescence et de la jeunesse est antérieure au 18e siècle ?

IV.14. Qu'en conclut l'auteur sur la reconnaissance du groupe "jeunes" comme catégorie spécifique dans la société ?

IV.15. Montrez à l'aide du texte et de vos lectures personnelles (romans historiques, oeuvres classiques) que la délimitation des âges des jeunes dépend des époques.

IV.16. Faites une analyse comparative des jeunes du Moyen Age et de ceux d'aujourd'hui.

V. A travers la littérature

V.1. Lisez la poésie "Je passe des heures". Soyez prêt à la réciter et à la commenter.

Je passe des heures...

Je passe des heures à écouter,

à écouter le vent,

à écouter le chant,

Et tout en écoutant, je pense à plus tard,

je pense à ma vie

et je la prépare

petit à petit ;

jours après jours, elle s'éclaircit.

Et quand je serai enfin prêt, je commencerai à poser

une par une les pierres de ma maison,

les pierres de ma vie.

Et ma maison finie, pour qu'elle rayonne de joie,

de soleil,

de bonheur,

je poserai la dernière pierre, celle de l'amour.

(Lionel, Poèmes d'adolescents)

V.2. Et vous, pensez-vous à plus tard ? à votre vie future ? Comment voyez-vous votre avenir ? Comment vous préparez-vous à votre vie d'adulte ? Qu'est-ce qu'il faut faire pour que votre vie future rayonne de bonheur ?

V.3. Le bonheur, ça fait penser à quoi ?

a. Inscrivez individuellement les cinq premiers mots (noms, adjectifs, verbes) qui vous viennent à l'esprit quand on dit "bonheur".

b. En sous-groupes, relevez des mots identiques ou synonymes. Qu'est-ce qui prédomine ?

c. Essayez de dire pourquoi ces mots vous sont venus en premier à l'esprit.

V.4. Quelle impression se dégage pour vous de cette poésie : impression de calme, de doute, de regret, d'harmonie, de violence ...

V.5. Quels procédés utilisés par le poète créent l'impression que vous ressentez ?


Дата добавления: 2019-01-14; просмотров: 395; Мы поможем в написании вашей работы!

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