III. Exercices sur le contenu et la structure du texte



III. 1. Commentez:

1) A la base de toute adolescence il y a un meurtre, le meurtre des parents.

2) Le dialogue entre parents et adolescents est nécessaire mais il n'est jamais satisfaisant.

3) Ce dialogue est un moyen pour entrer en contact avec ses parents, entrer en conflit et trouver ses limites.

4) En même temps que l'adolescent demande à être entendu, compris, il craint souvent aussi d'être dévoilé, percé à jour.

III. 2. Développez les idées ci-après, illustrez-les par quelques exemples.

1) La nécessité pour l'adolescent de se séparer de son contexte familial le pousse fréquemment à adopter des attitudes extrémistes afin de faciliter cette séparation.

2) Souvent l'adolescent passe de longues heures ... à reprendre éternellement les mêmes débats sur un thème qui peut être privilégié selon tel ou tel adolescent ; par exemple, discussion philosophique, religieuse, politique, musicale, sportive ...

3) Ainsi voit-on de véritable bandes de jeunes aux environs de 12, 13, 14 ans s'organiser autour d'un chef et se "débrouiller" sans qu'aucun adulte n'assume la moindre responsabilité.

4) Bien entendu les adultes ne restent pas indifférents aux divers mouvements, tumultes, qui agitent leurs adolescents: eux aussi présentent parfois des réactions qui ne sont pas sans compliquer la qualité des relations parents-adolescents.

III. 3. Relevez du texte toutes les difficultés et tous les paradoxes du dialogue parents-adolescents:

  • du côté des parents ;
  • du côté des adolescents.

III. 4. Faites le compte rendu du texte étudié. Rappelez-vous la technique du compte rendu:

  • mettre en relief l'idée principale ;
  • prévoir une introduction qui définira le thème du texte et en formulera nettement l'idée générale ;
  • faire un classement des idées secondaires ;
  • - introduire l'auteur dans votre texte en définissant son point de vue : il affirme, il critique ... ;
  • donner son opinion ; le compte rendu est personnalisé, donc orienté et commenté ;
  • condenser le texte au tiers environ de sa longueur.

IV. Textes complémentaires

IV. 1. Lisez les deux textes qui suivent et dites ce qui les unit.

"La brigade des mineurs ne fait ni l'hôtel ni le taxi".

"Chaque année en France: 2 500 disparitions "inquiétantes" et plus de 30 000 mineurs "en cavale".

Frédéric Ploquin a passé la nuit dans cette salle de police parisienne où échouent petits délinquants et mineurs en cavale. Voici la fugue... version "Quai des Orfèvres".

Il n'a pas le sourire ravageur du KID de Charlie Chaplin, ni sa gouaille, mais il partage avec son cousin américain un oeil légèrement hagard. Mèches blondes, tête baissée, frêle silhouette, 15 ans à peine, Eric vide les poches de son blouson sur la petite table: un paquet de Gaulloises, 12,50 F en pièces jaunes et blanches, un stéréo, un billet de train froissé. L'inspectrice de la brigade des mineurs plonge la main dans son cartable, en extrait deux pauvres cahiers et enjoint laconiquement au gamin de défaire ceinture et lacets. Il est 22 h 30 un mardi soir et Eric a été ramassé à 19 h 35, errant dans le gigantesque hall de la gare du Nord. Nom, adresse, date de naissance: après un bref coup d'oeil sur ses avant-bras pour détecter d'éventuelles traces de piqûre, l'audition commence.

"Tu aurais dû rentrer chez toi cet après-midi, à Douai ?

- Oui, après le cours.

- Que s'est-il passé ?

- Il y a des gars, des Algériens, qui m'ont demandé de voler deux cassettes dans un supermarché, sinon ils me cassaient la gueule. Je me suis fait attraper à la sortie. Les surveillants m'ont donné une heure pour ramasser 36 F.

- Et tu as peur de rentrer chez toi ?

- Mon beau-père n'aurait pas compris. Il m'aurait tapé...

- Tu as déjà volé ?

- Oui, des bonbons, du chocolat.

- Tu avais des sous pour le train ?

- Pour aller à Paris.

- Pourquoi Paris ?"

Eric répond d'une moue évasive. L'inspectrice insiste: "Tu voulais dormir où ?

- Dehors..."

L'escapade parisienne aura duré une demi-heure à peine. Eric n'est pas un as de la fugue. C'est la première fois. Contactée par téléphone, sa mère parle aux policiers de ses "mauvaises fréquentations", dit qu'il a déjà chapardé dans les magasins. Elle ne peut venir le chercher cette nuit, mais veut bien qu'on le lui ramène. "La brigade des mineurs ne fait ni l'hôtel ni le taxi", observe l'inspectrice, qui s'apprête à expédier le gamin dans un foyer de l'ASE (Aide sociale à l'enfance). Mais d'abord elle le sermonne: "Ton histoire de vol, c'est du pipeau. La vérité, c'est que tu les a volées tout seul, ces cassettes. "Eric lâche un "ouais" timide et à peine audible.

Gare du Nord, de l'Est ou de Lyon, tout le monde descend, les enfants d'abord. Paris-capitale, Paris-liberté, Paris terminus, la ville les attire comme un pot de confiture. Un jour ou l'autre, l'atterrissage forcé leur tombe sur le coin du nez: un contrôle sur les Champs-Elysées, au troisième sous-sol du Forum des Halles ou ailleurs, et les voilà chez les flics, brigade des mineurs, entre Châtelet et Notre-Dame.

Ce soir Eric n'est pas seul. Il y a aussi Nathalie, 12 ans, les joues toutes rouges à forces d'essuyer ses larmes: embarquée sur un quai de la gare d'Austerlitz, la malheureuse se trouve là un peu par erreur: celui qui devait venir la chercher était en retard. Il y a encore deux petites Roumaines, 9 et 10 ans, qui ne pipent pas un traître mot de la langue de Molière. Sur la pancarte qu'elles brandissaient dans un couloir de la gare de Lyon, cette phrase: "Je suis réfugiée". Dans leurs poches, 7 et 17 F, maigre butin d'une journée passée à mendier. "On habite porte de Champerret", ânonne la plus âgée, mal fagotée dans un pantalon de velours plus noir que beige. "Dans une caravane?" interroge un policier. "Non, en voiture..."

Avant elles, aujourd'hui, quatre petites Yougoslaves sont prêtes, au même jeu répétitif et truqué: noms inventés, adresses bidons, fugues imaginaires, une admonestation, et la porte: qu'on ne vous revoie plus ! Inscrit plus de dix fois sur le livre d'entrée de la brigade, Bolo, dit Al Capone, 8 ans et fugueur multirécidiviste, connaît tout cela par coeur. Jean, un Congolais de 13 ans bâti comme une armoire, est en train de découvrir le circuit. Voilà quatre jours qu'il s'est enfui du foyer où on l'avait placé, dans une ville normande. Des gardiens de la paix l'ont récupéré près de Beaubourg. Les mots inscrits sur son ceinturon parlent pour lui: "Indiana Jones". Tout un programme: l'auto-stop, le train sans payer, une nuit dans un wagon et une accusation aux fesses: la direction de son foyer le soupçonne d'avoir piqué 1 100 F dans la caisse. "Ils cherchent à se débarrasser de moi", proteste Jean, qui enfonce la tête dans son vaste anorak. Ses "copains" parisiens, auprès de qui il a trouvé refuge? Le gosse répond par un long silence...

De la peine d'amour à la mauvaise note, du beau-père féroce à la mère alcoolique, de la petite paysanne en mal de tour Eiffel au gosse qui crache sur ses "sales bougres" de parents, l'ordinaire de la brigade des mineurs concentre tous les rêves et tous les cauchemars d'enfants. "Je voulais trois jours de repos", dit un garçon de 13 ans parti de Lyon avec le porte-feuille de sa grand-mère... et coincé dans le train sans titre de transport. "Question déshonneur, je n'avais plus rien à perdre", dit une jeune Algérienne de 15 ans, en fugue perpétuelle depuis une sale histoire de viol. Elle ajoute: "Je finirai par me tuer". Un jeune Birman de 13 ans, mais qui en paraît 17, a disparu plus de trois mois. Voilà ce qu'il a expliqué à son retour: "Je suis parti à Aubagne pour entrer dans la Légion étrangère. Ma mère est contre." Dans sa chambre, les policiers n'ont vu que posters de Rambo et de militaires aux allures martiales...

La fugue, et après? "J'avais raté mon examen à l'école, alors je ne suis pas rentré à la maison", dit Étienne, 15 ans, fils d'une famille aisée. "En quatre jours, raconte-t-il, j'ai appris à faire la manche pour acheter des sandwichs et à dormir dans le métro". Dans Paris, un mineur reste rarement seul très longtemps: il tombe vite sur une bande, à moins qu'un adulte mal intentionné ne le détourne à coups de séances de cinéma et de parties de flippers. José, 14 ans, fils d'une gardienne d'immeubles, a confié aux policiers son amère aventure: "J'étais parti car ma mère me frappait. J'ai dormi dans les cages d'escalier. J'ai rencontré un copain, un homme de 40 ans, qui m'a hébergé. Quand je couchais à côté de lui, il lui arrivait parfois de m'embrasser sur la bouche..." Devant la grimace de l'inspecteur, José s'est levé, a montré d'une main son beau blouson et son pantalon neuf et a dit: "C'est lui qui m'a offert tout ça."

Après son passage à la brigade, l'enfant a été placé dans un foyer. Huit jours plus tard il avait de nouveau fugué.

L'événement du jeudi, n°267, 1989.

Pouquoi partir ?

Laurent, un jeune garçon, a quitté la maison familiale. Son père, Julien, se met à la recherche de son fils.

Une chance. Deux jours durant, il avait perdu sa trace. Impossible de le trouver ! De toute façon, même en réduisant Paris aux dimensions d'un quartier, il se rendait parfaitement compte qu'épier Laurent sans pouvoir le suivre pas à pas était une gageure. Une chance, pourtant. Pris d'une inspiration subite, il avait couru au boulevard Saint-Michel et là...

En y réfléchissant, il se dit qu'il aurait pu venir attendre ici dès le premier jour. Tôt ou tard, fatalement, la fontaine aux hippies devait l'attirer comme le sucre attire la mouche !

Laurent conversait avec une gosse parée de ces haillons fastueux dont les hippies aiment éclairer leur misère. Une pauvre gosse guère plus âgée que lui, sans doute. De sa place, de l'autre côté du boulevard, avec l'incessant va-et-vient des autobus, de la circulation, Julien distinguait mal ses traits. Elle était assise par terre, tassée contre la margelle, avachie.

Julien lui trouvait pourtant une espèce de grâce fragile, un charme inquiétant.

"Pourvu qu'elle ne l'entraîne pas à sa suite ! S'il tourne au hippie, c'est perdu pour longtemps ! Pour toujours, peut-être..."

Julien s'installa à la terrasse d'un café. Une petite table à demi masquée par l'étalage d'un marchand-forain.

Ne pas s'affoler, encore. Ne pas s'affoler ! Mais, que ce rôle était ingrat, difficile !

Tout le poussait vers Laurent ; il mourait d'envie de s'élancer, de le serrer dans ses bras. Une seconde, tout juste une seconde. Il restait là, confortablement installé devant un café glacé, quand il y avait tout près, un garçon affamé, malade peut-être, un garçon qui était son fils !

"J'ai bien fait d'empêcher Simone de venir avec moi. Elle n'aurait jamais pu résister !"

Julien imaginait mal ce que pouvait être l'univers des hippies. Le peu qu'il savait d'eux, il le tenait d'un article de journal bâclé, d'une phrase entendue à la télévision, des jugements tout faits de ses collègues de bureau, de ces trois fois rien et de ces pas grand-chose où s'alimente la vox populi... "Des bons à rien, des fainéants, des vagabonds, des illuminés, des clochards, des abrutis, des parasites, des drogués..." Tous ces mots délicieux, vrais ou faux, épicés de hargne aveugle pour faire rêver les Laurent, résumaient sa connaissance du problème et ce qu'il en pensait, hier encore. Maintenant, la fugue de Laurent avait balayé tout ça. Les dangers, les pièges, Julien les voyait clairement, bien sûr, mais il n'était plus qu'un homme anxieux qui essayait de comprendre et de sauver son fils.

"Comment devient-on une de ces épaves ? Peut-être cela commence-t-il comme ça, comme Laurent... '

Là-bas, Laurent continuait à rêver à sa liberté.

(Michel Grimaud, Pourquoi partir ?, Editions de l'Amitié, G.T. Rageot.)

IV. 2. Expliquez les mots et les expressions ci-après, précisez leur registre stylistique:

faire une fugue, être en fugue

mineur (n. m) en cavale

c'est du pipeau

ne pas piper un traître mot

être mal fagoté

faire la manche

gosse, n. m/f

IV. 3. Précisez la tâche de la brigade des mineurs. Commentez le titre du texte N1.

IV. 4. Relevez du texte "La brigade des mineurs..." les motifs de la fugue des adolescents. Pourriez-vous expliquer l'état psychologique des adolescents en fugue ?

IV. 5. Esquissez la situation présentée dans le texte "Pourquoi partir ?"

IV. 6. Décrivez dans l'ordre chronologique les observations faites par le père (Julien). Dégagez et énumérez les réflexions qui accompagnent les observations de Julien.

IV. 7. Rédigez une synthèse concise et ordonnée des textes relatifs à la fugue des adolescents. Rappelez-vous la méthode de la réalisation de la synthèse des textes :

1) la synthèse n'est pas une série d'analyses successives des textes, mais une construction originale à partir de l'analyse des documents ;

2) la synthèse doit être objective, c'est-à-dire ne pas ajouter à la documentation proposée, ne pas omettre des éléments importants, ne porter aucun jugement de valeur, toute appréciation personnelle étant reportée en conclusion ;

3) le contenu de la synthèse doit être objectif, par contre la forme doit être personnelle (on s'exprime dans son propre langage et non pas au moyen d'une série de citations) ;

4) la synthèse doit être concise et composée :

  • une introduction (définition du problème) ;
  • un développement logiquement organisé ;
  • une conclusion personnelle.

La synthèse concise veut dire la réduction du volume au tiers de la longueur des textes.

La synthèse objective veut dire rapporter les propos d'autrui avec fidélité et honnêteté.

IV. 8. Lisez un autre texte sur les adolescents à problèmes et dites ce qui l'unit aux textes précédents. Trouvez un titre, qui tout en lui convenant, aurait pu attirer l'attention des lecteurs.

En France, le suicide est la deuxième cause de mortalité des jeunes. Des chiffres trop accablants pour que la société des adultes ne soit pas contrainte à un grave examen de conscience.

Elle a 18 ans, le corps frêle d'une enfant et le visage en sang. Quelques heures avant cet entretien, dans une salle de bains du centre où elle est hospitalisée, elle s'est tailladé le visage et les bras. A l'infirmière qui lui demande d'expliquer son acte, elle raconte : "Je voulais me brosser les dents. Le verre m'a échappé des mains. Il est tombé dans le lavabo. Je m'en suis voulu de ma maladresse. Et j'en ai voulu au verre. J'ai pris le verre, je l'ai jeté par terre. Ça a fait des débris partout. Alors je m'en suis voulu à moi et je me suis tailladé les bras et la tête... Ça me rappelait aussi que lorsque je cassais des objets à la maison, maman nous giflait. Quand elle nous giflait, c'était pas fort, c'était juste au niveau du geste. C'est un automatisme, quand je casse quelque chose, j'ai envie de me protéger." - Tu appelles ça te protéger", dit l'infirmière. - "Après, je m'en voulais d'avoir fait une bêtise, alors je me faisais du mal."

Cet incident est survenu à l'issue de la troisième tentative de suicide de Laetitia. La première fois, elle avait absorbé des somnifères, les deux suivantes, elle s'est tailladé les veines avec un rasoir. Laetitia vient d'une "famille éclatée", comme on dit. En partie élevée par sa tante, placée dans un foyer, reprise par sa mère, foyer encore, Laetitia a suivi l'itinéraire chaotique qui est devenu le lot de trop de gosses aujourd'hui. Instabilité familiale, carences affectives, insupportable manque d'amour. Laetitia, malgré sa souffrance, analyse ses actes avec une lucidité confondante. "Nous, on est malades, dit-elle. Mais, en fait, on est les victimes de la société. Les vrais malades, ce sont plutôt les parents, parce qu'ils n'ont pas pu nous donner l'amour qu'il fallait et nous sécuriser comme on aurait dû l'être." Une analyse partagée par la plupart des médecins confrontés quotidiennement à ce drame. Chaque année, quarante mille adolescents tentent de mettre fin à leurs jours. Le suicide constitue, après les accidents de la route la principale, cause de mortalité chez les 15-24 ans. Des chiffres trop accablants pour que la société des adultes ne soit pas contrainte à un grave examen de conscience.

Au cours de ce reportage réalisé par Antoine Roux pour "Transit", ce n'est pas seulement la douleur des enfants qui surgit, c'est aussi la détresse des parents. "Les adolescents ont une vision d'autant plus noire de leur avenir qu'ils sont le miroir de nous-mêmes, de nos propres angoisses, explique le docteur Xavier Pommereau, psychiatre, responsable du Centre Abadie, à Bordeaux, où est soignée la jeune Laetitia, une unité médicale unique en Europe, exclusivement dévolue aux jeunes suicidants. Nos angoisses de parents, c'est de leur dire : "N'attrape pas de maladie, n'attrape pas le sida, et travaille bien à l'école, n'attrape pas le chômage". Ces deux pressions considérables amènent les enfants à un état d'angoisse extrême, ce que signalent d'ailleurs tous les enseignants. Pour le docteur Pommereau, qui a accueilli depuis trois ans plus de 1 200 patients, un verbe résume à lui seul tous les maux dont souffrent les adolescents : casser. "Quand un adolescent est en difficulté, il dit qu'il a envie de se casser. Ce verbe peut être conjugué à tous les temps et interprété dans tous les sens. Se casser, cela peut être partir : faire une fugue ou partir dans le coma en avalant des cachets. Se casser, cela peut être casser son corps, s'en prendre à lui, l'agresser violemment. Se casser, c'est aussi avaler de l'alcool ou des stupéfiants. Non pas tant pour obtenir une sorte de jouissance que pour oublier les soucis du quotidien, casser son état de conscience. Et casser la chaîne alimentaire, c'est connaître des alternances de cycles de boulimie et d'anorexie, ce qui est une manière également de répondre à des sensations de tension intolérables."

Casser serait donc le point commun à des troubles qui, apparemment, n'ont rien à voir les uns avec les autres. Preuve sémantique que l'anorexie, la boulimie, l'absorption d'alcool, de drogue, ou la fugue sont les signes d'un comportement suicidaire. La plupart des jeunes ont fait une fugue avant leur tentative de suicide. "Nous ne sommes pas à la recherche d'un coupable, assure le docteur Pommereau, mais il est clair que la dynamique familiale est en cause. Ce n'est pas à la maladie des enfants ou des parents que nous avons affaire, mais à la maladie de leurs relations." En France, chaque année, 1 000 jeunes se donnent la mort. En 1993, le ministère de la Santé a recensé, tous âges confondus, 120 000 tentatives de suicide et 13 000 décès.

(C. Deymard, Le Nouvel Observateur, 1995)

IV. 9. Expliquez ce que signifient les termes :

anorexie, n. f.

boulimie, n. f.

stupéfiants, n. m. pl.

examen, n. m. de conscience

IV. 10. Commentez les thèses suivantes :

- Le nombre de tentatives de suicide chez les jeunes prend de l'ampleur.

- Le rôle de la famille est essentiel, son éclatement est un "facteur de risque".

- Les adolescents ont une vision d'autant plus noire de leur avenir qu'ils sont le miroir de nous-mêmes, de nos propres angoisses.

- Quand un adolescent est en difficulté, il dit qu'il a envie de se casser.

- Ce n'est pas à la maladie des enfants ou des parents que nous avons affaire, mais à la maladie de leurs relations.

IV. 11. Faites le résumé restitutif du texte lu, n'oubliez pas de lui donner un titre.

V. A travers la littérature

V. 1. Lisez le texte de J.-L. Curtis "Une sacrée dose de patience", cherchez la réponse à la question suivante :

- Quel est le motif du conflit entre André et sa fille Suzy ?

Une sacrée dose de patience

"Comment peut-on lire dans une maison où l'on fait de la musique toute la journée, et quelle musique !" Après le déjeuner, André s'accordait une heure de repos avant de se rendre à l'étude. Il aimait alors s'installer dans un fauteuil, à la bibliothèque, pour une lecture entrecoupée de quelques instants de sieste. Ce jour-là, un air de jazz, venu de l'étage, l'importunait. Il se leva, alla dans le vestibule. "Suzy, je te prie de fermer ton transistor, ou bien mets-le en sourdine. Je ne veux plus entendre cette casserole. C'est compris ?"

Il n'y eut pas de réponse ; mais, après un intervalle de quelques secondes, comme si l'on eût hésité sur le parti à prendre, on diminua le volume du son. Sourcils froncés, André revint dans la bibliothèque. Enfin, Suzy devenait impossible ! Elle se croyait tout permis. Depuis qu'elle avait acheté ce diable d'appareil, la maison bourdonnait de jazz et de chansonnettes, presque sans interruption, du matin au soir. Elle emportait son transistor à l'école ! Elle faisait ses devoirs, étudiait ses leçons avec accompagnement du transistor, bravant toutes les observations que son père et sa mère avaient pu lui faire à ce sujet. "On ne fait pas deux choses à la fois, travailler et écouter de la musique, c'est une très mauvaise hygiène mentale". Il est vrai que "l'hygiène mentale" de la pauvre Suzy, mieux valait n'en pas parler. Bref, transistor d'un côté, électrophone de l'autre, et circulation dans la rue, on vivait désormais au coeur du vacarme. Pourquoi les pouvoirs publics n'essayaient-ils pas de circonscrire le fléau ? Non, ils jugeaient sans doute plus urgent de poursuivre la guerre en Algérie - cette guerre odieuse, inepte et inutile, puisqu'on la perdrait, c'était inéluctable. Certains jours, le mépris qu'éprouvait André pour la IVe République atteignait une virulence presque douloureuse. Il bouillait. Il aurait voulu dire leur fait aux gens du gouvernement, aux rédacteurs de certains journaux... Agitation intérieure stérile et qui, en outre, devait être extrêmement nocive., en déversant les toxines dans l'organisme. Rien ne délabre les nerfs comme une colère rentrée. C'est pourquoi il prenait ces pilules venues d'Amérique, qui étaient censées apaiser le système sympathique, réduire l'agressivité, rétablir le calme et l'harmonie. Il se réinstalla dans son fauteuil, ouvrit le journal. Son regard tomba sur un titre : "Les teenagers nous jugent". Il froissa le journal, le jeta au loin, avec humeur. Les teenagers nous jugent ! Et quoi encore ? Est-ce qu'il faudrait aussi leur rendre des comptes ? Il connaissait cette journaliste, elle se faisait une spécialité des "problèmes du jour" : les jeunes, la jeune littérature, le jeune cinéma. Il se leva derechef, alla chercher un livre sur les rayonnages. Voyons, que relirait-il ? Pourquoi pas Jean-Jacques Rousseau ? Pas l'Emile, quand même ! Où sont les Confessions ? Il va falloir que je me décide à mettre un peu d'ordre dans cette bibliothèque, tout est sens dessus dessous. Proust, tiens. A peine avait-il lu vingt lignes qu'il dressa l'oreille. Oui, c'était encore le maudit transistor. Il comprit ce qui s'était passé. Suzy avait d'abord écouté le transistor dans sa propre chambre, qui se trouvait au-dessus de la bibliothèque. Après l'injonction de son père, elle avait simplement déménagé chez sa soeur. Blanc de rage, André fila comme un trait jusqu'au palier, ouvrit d'un geste brutal la porte de la chambre de Catherine. Surprises par cette entrée dramatique, les deux filles le regardèrent d'un air interdit. Aucune des deux n'eut la présence d'esprit d'arrêter l'appareil. André fit trois pas, gifla Suzy d'un violent revers de la main, lui arracha des mains le transistor, alla jusqu'à la fenêtre et le lança à toute volée contre le mur mitoyen. On entendit à la même seconde le fracas de l'objet et un son intermédiaire entre le miaulement d'une chatte en furie et le vagissement d'un enfançon, amplifié quatre ou cinq fois : c'était Suzy qui pleurait.

André sortit, claqua la porte. Il regagna sa chambre, se laissa retomber sur son lit, épuisé, le coeur battant la chamade. Il n'était plus question de se reposer ni de lire. Il chaussa ses pantoufles et redescendit à la bibliothèque. Là-haut, Suzy braillait comme une perdue.

Mon Dieu, je n'aurais pas dû la gifler. Je me suis conduit comme une brute. Une gifle à assommer un boeuf. Pourvu que je ne lui aie pas déglingué quelque chose dans la tête, crevé le tympan... Je ne me contrôle plus ; je devrais aller consulter un médecin.

Il entendit Claire monter, les miaulements de Suzy redoubler d'intensité. "Papa m'a frappée. Il a cassé mon transistor". Claire se mit à parler, mais il ne distinguait pas ce qu'elle disait, il ne percevait qu'un murmure apaisant. Peu à peu, les sanglots de Suzy s'apaisèrent. Claire redescendit. "Ça y est, la scène".

Elle entra dans la bibliothèque. Elle avait l'air très calme.

- Vous n'auriez pas dû la gifler, dit-elle.

- Non, bien sûr, non, je n'aurais pas dû ! Mais que voulez-vous, il n'y a plus moyen d'avoir une minute de tranquillité dans cette maison, entre le potin de la rue et la musique ici à longueur de journée ! Mes nerfs sont à bout, je n'en puis plus. Six mois de plus de ce régime et je fais une dépression nerveuse.

- La patience n'a jamais été votre fort.

- Il faudrait avoir une sacrée dose de patience !

- Malgré tout, une scène de ce genre... Catherine a été terrifiée.

- Il n'y avait pas de quoi.

- Essayez d'arranger les choses. Vous devriez parler à Suzy gentiment. Elle est au désespoir. Elle croit que vous la détestez.

- Elle vous l'a dit ?

- Oui.

Il porta la main à son front.

- Mais qu'ai-je fait au bon Dieu pour que mes enfants croient que je les déteste ? Moi qui les gâte comme il n'est pas permis. Bon, dites-lui de descendre, je vais essayer d'arranger ça.

Suzy ne descendit pas tout de suite. Sans doute refusait-elle par dignité, ou bien pour exploiter la situation. Enfin, elle parut, la figure tuméfiée sur son corps de fillette poussée en graine. Elle se tint debout devant son père, toute raide, la tête basse. Il la prit par la main, la fit asseoir sur ses genoux.

- Je te demande pardon, Suzy. (La bouche de la jeune fille se tordit, un sanglot s'en exhala.) Non, non, ne recommence pas à pleurer ! ... Calme-toi. Je n'aurais pas dû te gifler, c'était très mal. Je le regrette. Je suis très fatigué, j'ai besoin de repos ; alors, cette musique toute la journée... Tu me comprends, n'est-ce pas ? (Elle fit signe que oui.) Moi qui aime tant ma petite Suzy, je suis désolé de lui faire de la peine. Fais un gros baiser à papa pour lui montrer que tu lui pardonnes. (Elle jeta les bras autour du cou de son père, lui piqua un baiser mouillé sur la joue. On ne pouvait pas dire qu'elle fût rancunière.) Tu ne m'en veux pas ? (Elle secoua la tête.) Naturellement, je vais réparer les dégâts. Quand on casse quelque chose, il faut toujours réparer les dégâts, si on est bien élevé. (La bonhomie du ton fit comprendre à Suzy qu'il plaisantait. Aussitôt, elle réagit par un petit rire étouffé, convulsif. Elle passait vite des larmes au rire.) Elle coûte combien, cette merveille de la technique moderne ? ... Six mille francs ! Tu me ruines.

Le lendemain, Suzy avait un nouveau transistor, plus perfectionné encore que le précédent. Dans les "gadgets", le progrès était quotidien.

(J.-L. Curtis, La quarantaine)

V.2. Relevez du texte de J.-L. Curtis tous les motifs du mécontentement d'André. Commentez-les.

V.3. Que signifie la phrase : "Il bouillait". Comment se manifeste cet état d'âme d'André ?

V.4. Commentez la résolution du conflit. Quelle serait, à votre avis, la meilleure solution ?

V.5. Approuvez-vous les méthodes pédagogiques d'André ? Qu'auriez-vous fait dans une situation pareille ? Décrivez et justifiez votre comportement éventuel.

V.6. Dramatisez le texte avec les personnages suivants : André et Claire.


Дата добавления: 2019-01-14; просмотров: 712; Мы поможем в написании вашей работы!

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