Liens de la linguistique textuelle avec la stylistique



Il faut bien préciser le fait que la linguistique est étroitement liée à la stylistique et surtout à la stylistique fonctionnelle.

La stylistique est à la fois une méthode et une pratique, c'est-à-dire une discipline.

La stylistique est partie de la linguistique, entendue au sens de science du langage.

La linguistique, comprend incontestablement des disciplines diverses : phonétique et phonologie, sémantique, lexicologie, syntaxe (pour ne citer que des domaines bien connus)... stylistique.

La stylistique est ainsi un instrument de la critique (et notamment de la critique d'attribution).

On pose le postulat suivant : une manière littéraire est le résultat d'une structure langagière. Décrire une structure langagière, c'est démonter les éléments qui la composent, mais auxquels elle ne se réduit pas, et mettre au jour les diverses grilles qui organisent ces éléments.

La pratique stylistique ne peut donc être que structurale.

On peut d'abord envisager de quoi est composé le champ stylistique.


Texte en cadres de la stylistique.

Toutes ces deux sciences sont unies par le même objet d’étude : LE TEXTE. Qu’est-ce que c’est donc un texte?

Evidemment, il faut entendre texte au sens large : depuis l'unité qui se donne elle-même comme telle (scène, chapitre, poème), jusqu'à l'oeuvre complète et même à la série géné­rique.

Justement, le texte est un montage, par un côté ou par l'autre : montage de structures langagières à la production, y compris montage, plus automatique, des modèles généraux d'expression par rapport aux types fondamentaux de discours.

La notion de style est déterminante pour évaluer la convenance entre l'objet traité et la forme du discours. Le style, composante centrale de l'élocution dans les genres rhétoriques, devint naturellement une composante tout aussi centrale dans les genres poétiques une fois que ceux-ci furent réinterprétés par référence à ceux-là. Il en résulta que l'étude de la forme des genres poétiques ne fut plus seulement l'étude des moyens d'expression (prose contre vers) ou des modes d'imitation (imitation pure ou récit), mais finit par inclure aussi l'étude des niveaux de langue en convenance avec tel ou tel sujet (ainsi la langue de la tragédie ne saurait se confondre avec celle de la comédie) et accorda une place majeure aux éléments ornementaux que sont les figures de rhétorique, pensées comme un élément essentiel du pouvoir de séduction que l'œuvre littéraire doit posséder à l'instar de tout discours (notamment le judiciaire).

Langue et style sont, selon Barthes, deux choses qui s'imposent à l'écrivain et dont il n'est pas responsable. La langue est un « objet social » et, comme telle, elle « reste en dehors du rituel des Lettres »; elle est « en dehors de la litté­rature » .

Le style « est presque au-delà » : « Des images, un débit, un lexique naissent  du corps et du passé de l'écrivain et deviennent peu à peu les automatismes mêmes de son art. ».

A ces deux natures, R. Barthes oppose l'écriture qui résulte d'une inten­tion et d'un choix ; l'écriture est alors un engagement, une fonction, un « acte de la solidarité historique ».

Une histoire de la langue française permet de dresser un inventaire (incomplet bien sûr) des moyens linguistiques d'une époque et d'un groupe donnés. Le lexique et la syntaxe des gentilshommes du XVIIe siècle ne sont pas tout à fait ceux des philosophes du XVIIIe, qui diffèrent encore de ceux des jeunes gens romantiques de 1830. Ainsi existe-t-il des langues d'époques, mais aussi des langues de classes sociales et des langues de groupes sociaux: langue des paysans, des intellectuels, des bourgeois; langue de l'Administration, de l'Université, de l'Eglise; langage des corps de métiers, des techniques diverses, des partis politiques, des mouvements d'idées; argot des lycéens et des étudiants (de l'écolier limousin de Rabelais jusqu'à nous), des spor­tifs, des journalistes, des «mauvais garçons», des militaires, etc. A tout cela s'ajoutent encore les traits régionaux fournis au français par les langues éthniques (breton, catalan, occitan, basque, etc.) et les traits que l'âge et le sexe contribuent à distinguer (parler des enfants, opposition du lexique jeunes gens/jeunes filles). Tout cela représente une masse considérable de faits que la stylistique ne pourra ignorer puisque style et écriture puisent leurs matériaux dans cette masse.

Ce que nous venons de voir nous montre que le style est un phénomène complexe, difficile à enfermer dans une formule générale, ou dans une mesure simple et universelle. On aura besoin de bien des outils pour arriver à le cerner d'une manière satisfaisante. C'est que l'oeuvre littéraire est un témoignage humain, personnel, et que, comme tel, elle met en mouvement un réseau compliqué et déli­cat d'éléments divers.

Du Moyen Age au XIXe siècle, la stylistique est tout entière contenue dans la rhétorique, héritée de l'Antiquité. La rhétorique, « à la fois science de l'expres­sion et science de la littérature », se préoccupait de l'analyse du discours : de son argument (inventio), de sa composition (dispo­sition, du choix de ses termes (elocutio — étude des figures ou tropes).


Analyse linguistique du récit

S'exerçant sur un discours, la stylistique ne peut guère se passer, comme nous avons vu, des enseignements que peut lui fournir la lin­guistique : connaissance historique de la langue, description de la substance phonique qu'est un texte, description de la morpho-syntaxe de la langue dans laquelle le texte est écrit, connaissance du lexique, etc.

On ne peut, en effet, éviter la linguistique: le texte littéraire est langage et communication, il est un objet linguistique. A partir de ce postulat, on peut poser, à la suite de M. Arrivé, que le texte littéraire est clos (= « limité dans le temps et/ou l'espace » ; ou = « structuralement fini », I. Kristeva), qu'il n'a pas de réfèrent et qu'il est soumis aux structures linguistiques (il « s'insère dans les structures » d'une langue et il « constitue par lui-même un langage»).

Mais on peut aussi, si on pose que le texte littéraire est un objet stylisti­que, dire que « la stylistique littéraire étudie, dans le contexte historique des œuvres et des auteurs, le problème de l'expression, dans ses détails et dans son ensemble composé »

« Si la critique stylistique a tout à gagner aux observations d'une science du style, elle doit finalement en transcender les catégories nécessairement étroites ».


Ouvrages étudiés

1. Бахтин М.М. Проблема текста в лингвистике, филологии и других гуманитарных науках. – В кн.: Эстетика словесного творчества. – М., 1979.

2. Гальперин И.Р. Грамматические категории текста. – Известия АН СССР. СЛЯ, 1977. –№6. – с.500-524.

3.Гальперин И.Р. Текст как объект лингвистического исследования. – М., 1981.

4.Зимин В.И., Модебадзе Э.А. Метафора и метонимия // Русский язык в национальной школе. – №2. – 1977.

5.Кожевникова Н.А. Метафора в языке и тексте. – М.,1988.

6.Тимофеев Л.И. Основы теории литературы. – Просвещение. – М.,1971.

7. Хэллидей М.А.К. Место “функциональной перспективы предложения” в системе лингвистического описания. – В кн.: Новое в зарубежной лингвистике. – Вып. VII. – М., 1978.

8.Шмидт З.Й. “Текст” и “история” как базовые категории. – В кн.: Новое в зарубежной лингвистике. – Вып. VIII. – М., 1978.

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10.Barthes R. Communications. – VIII.

11.Benveniste E. L’appareil formel de l’énonciation. – Langages. – n.17. – 1970.

12.Cressot M. Le style et ses techniques. – P.U.F. – 1963.

13.Guiraud P. La stylistique. – “Que sais-je.” – 1984.

14.Henry A. La stylistique littéraire // Le Français moderne. – n.1. – 1972. – p. 4-10.

15. Soutet O. Linquistique. – Paris, 1995.

16. Traité de la stylistique française. – 2 éd. – 1980.

17. Linguistique et Sémiologie. - Travaux du Centre de recherches linguistiques et sémiologiques de Lyon. - 1976.

18. Molinié G. La stylistique. – Paris, PUF. – 1989.

19. Molinié G. Eléments de stylistique française. – Paris, 1990.

20. Morier H. La psychologie des styles. – Genève, 1953.

21. Mounin G. Clefs pour la linquistique. – Seghers, 1968.


Дата добавления: 2019-11-25; просмотров: 244; Мы поможем в написании вашей работы!

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